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Depuis plusieurs semaines, détenu e s et avocat e s témoignent d’une situation très tendue à la prison de Marche-en-Famenne. Les membres de la direction, en effectif fortement réduit, n’assurent plus leur mission d’avis, bloquant les permissions de sorties ou les demandes de surveillance électronique et de libération conditionnelle via le tribunal de l’application des peines. Résultat : des mois d‘attente pour les détenu e s et une prison sous pression.

 

Des détenu e s privé e s de leur droit de sortie, des plans de reclassement mis en échec

La situation aurait débuté aux alentours du mois de février et ne ferait depuis lors que s’empirer. Des témoignages qui nous sont parvenus, notamment par l’intermédiaire de la Ligne Info Prison[1], certain.e.s détenu e s attendent jusqu’à cinq mois que leur demande soit enfin traitée, car la direction ne rend plus les avis nécessaires à temps, bloquant les procédures. “Moi, j’ai fait une demande en avril, on est en juillet et la direction n’a toujours pas remis son avis au TAP” illustre l’un d’entre eux.

 

Pourtant, toutes les demandes doivent passer par un avis de la Direction. Dans le cas des permissions de sortie et congés pénitentiaires, c’est l’avis de la direction qui actionne le délai durant lequel l’autorité décisionnelle (la DGD – Direction Gestion de la Détention) doit se prononcer.

 

Si nous ne disposons d’aucun chiffre officiel, nos sources font état de 150 à 190 détenu e s concerné.e.s, soit environ la moitié de la population pénitentiaire marchoise. Cette longue liste d’attente aurait d’ailleurs causé l’annulation de plans de reclassement, y compris dans des situations où les personnes incarcérées disposaient d‘un contrat de travail. L’administration pénitentiaire, par son inactivité, met donc en échec les plans de reclassement de détenu e s. Les plans de reclassement sont pourtant essentiels dans l’accompagnement des détenu e s dans leurs parcours de réinsertion sociale !

 

Des pressions en cas de recours

Des détenu e s nous ont rapporté ne pas oser faire part de ces blocages à leur avocat e de peur de voir leur situation empirer au sein de l’établissement. Ils craignent également de s’adresser à la commission de surveillance. Et pour cause : « Si vous contactez la commission de surveillance, c’est transfert automatique à Lantin », voici le message qu’ont reçu certain e s détenu e s. La menace aurait d’ailleurs été mise à exécution pour au moins une personne qui a souhaité défendre son dossier auprès de la commission des plaintes.

Les pressions sont telles que de nombreux détenu.e.s ne dénoncent pas la situation dont ils sont victimes.

 

Nos associations dénoncent !

L’OIP, le CPDB (Collectif de Proches de Détenu.e.s de Belgique) et le Génépi déplorent une situation inquiétante qui risque de s’étendre à d’autres établissements (cela a déjà été le cas à la prison de Forest). Ces retards accumulés entravent gravement les possibilités de réinsertion des détenu e s. En raison des carences de la direction, les détenu e s se retrouvent sans perspectives de réinsertion et voient leurs démarches réduites à néant.

 

Nos associations appellent la direction marchoise ainsi que la Direction générale des Établissements pénitentiaires (DGEPI) à agir sans délai, afin de résorber l’arriéré et de garantir aux détenu e s de pouvoir jouir de leurs droits. Les permissions de sortie, congés pénitentiaires et libérations conditionnelles sont les seules possibilités pour les détenu e s de préparer leur réinsertion. Si l’Etat ne permet même plus aux détenu e s de préparer leur réinsertion, quel sens donne-t-il à leur détention ?

[1] Des permanences téléphoniques sont organisées tous les mercredis et samedis (10 à 18h). La Ligne Info’Prison est joignable en appelant le 0498/51.51.91, via Whatsapp ou par e-mail (ligneinfoprison@bawet.org).